dimanche 12 janvier 2014

Schöne Frucht die Zunge füllt

Le sexe selon Rainer Maria Rilke dans la lettre à un jeune poète.

Die körperliche Wollust ist ein sinnliches Erlebnis, nicht anders als das reine Schauen oder das reine Gefühl, mit dem eine schöne Frucht die Zunge füllt; sie ist eine große, unendliche Erfahrung, die uns gegeben wird, ein Wissen von der Welt, die Fülle und der Glanz alles Wissens. Und nicht, daß wir sie empfangen, ist schlecht; schlecht ist, daß fast alle diese Erfahrung mißbrauchen und vergeuden und sie als Reiz an die müden Stellen ihres Lebens setzen und als Zerstreuung statt als Sammlung zu Höhepunkten.

Première traduction :

Le plaisir physique est une expérience sensible qui n’est en rien différente de l’intuition pure ou du sentiment pur dont un beau fruit comble la langue ; c’est une grande expérience, infinie, qui nous est accordée, un savoir du monde, la plénitude et la gloire de tout savoir. Et ce qui est mal, ce n’est pas que nous ressentions ce plaisir ; ce qui est mal c’est que presque tout le monde mésuse de cette expérience et la dilapide, en fait un excitant pour faire pièce aux moments de lassitude qu’ils vivent, en fait une distraction au lieu qu’elle rassemble notre existence en vue de ses acmés.

Traduction de Bernard Grasset

La volupté de la chair est une chose de la vie des sens au même titre que le regard pur, que la pure saveur d’un beau fruit sur notre langue, elle est une expérience sans limites qui nous est donnée, une connaissance de tout l’univers, la connaissance même dans sa plénitude et sa splendeur. Le mal n’est pas dans cette expérience, mais en ceci que le plus grand nombre en mésusent, proprement la galvaudent. Elle n’est pour eux qu’un excitant, une distraction dans les moments fatigués de leur vie, et non une concentration de leur être vers les sommets. Les hommes ont, du manger aussi, fait autre chose ; indigence d’un côté, pléthore de l’autre, ont troublé la clarté de ce besoin.

Une traduction anglaise

Physical pleasure is a sensual experience no different from pure seeing or the pure sensation with which a fine fruit fills the tongue; it is a great unending experience, which is given us, a knowing of the world, the fullness and the glory of all knowing. And not our acceptance of it is bad; the bad thing is that most people misuse and squander this experience and apply it as a stimulant at the tired spots of their lives and as distraction instead of a rallying toward exalted moments.

La lettre en question :

En séjour à Worpswede, près Brême,
le 16 juillet 1903.
J’ai quitté Paris il y a une dizaine de jours, souffrant et las. Je suis venu dans cette grande plaine du Nord dont l’étendue, le calme et le ciel devraient me guérir.


Très cher Monsieur Kappus, j’ai laissé longtemps sans réponse une lettre de vous.

Je parle de votre lettre du 2 mai

PIERRE KLOSSOWSKI

Pierre Klossowski

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