lundi 28 décembre 2020

Amoureux de la belle Jean

Amoureux de la belle Jean
J'en mangerais la pulpe et j'en
Boirais les délectables jus ...
Ô souvenir des biens que j'eus ...



T'aimer, presque muette et disparue, est dur
Quand chaque éclair de nuit, chaque lambeau d'azur
        Chaque heure, hélas, atrocement me vante
                La chaleur de ton sein,
                Ta bouche au fier dessin
                Et l'autre, plus vivante.
Parfois viennent trois mots, lointains et haletants :
Je m'amuse : je vais ; je vois ; je t'aime ; Attends...
C'est si peu pour la soif de votre seul sourire
Que ne ne me sens plus le courage d'écrire.


C'est en vain que tu te dérobes
Sous tous les plis que tu voudras
A la plus belle de tes robes
J'aime mieux le pli de tes draps


Bonjour, ma chérie,
Allô, mon désir,
Allô, mon plaisir,
Je te veux saisir
Dès l'or du matin
J'ai faim de te prendre
Mon premier festin
Soit-il ton satin
Tout tiède et tout tendre

Paul Valery

Illustration : Karl Maria Diez
Weiberherrschaft. Die Geschichte der körperlichen und der seelischen Erlebnisse des Julian Robinson nachmaligem Viscount Ladywood.
Cité par Armand Coppens Mémoire d'un libraire pornographe

dimanche 27 décembre 2020

Tu as déjà sucé une fille ?

Did you ever eat a girl? C'est l'incipit de Night book Le livre d'une nuit de William Kotzwinkle  1974. Collection Littérature étrangère/Joëlle Losfeld, Gallimard (Joelle est la fille d'Eric Losfeld). A retrouver chez Pleasant fountains.

« Tu as déjà sucé une fille ? » demanda-t-elle à voix basse.
Ses jambes étaient joliment galbées, et elle ne portait pas de bas. Le fleuve murmurait dans la nuit, non loin d'eux. Assis près d'elle sur le sable de la rive, le garçon contemplait les lumières de la ville par delà la masse noire de l'eau mouvante.
« Non, jamais », répondit-il.
Il n'avait pas encore vingt ans. Sa voiture était garée au dessus d'eux, sur la route longeant le fleuve. Un policier curieux pourrait la repérer, se poser des questions ; s'il descendait la berge, il les découvrirait là. Lentement, la fille releva sa jupe sur ses jambes nues.
« Suce-moi », dit-elle.
Ecartant largement les jambes, elle souleva ses hanches ; la toison de son entrecuisse, sortant de l'ombre des arbres de la rive, scintilla au clair de lune.


La route du fleuve n'était pas déserte. Les dames les plus distinguées d'Athènes la suivaient, cheminant dans l'obscurité au gré de son tracé sinueux, pour se rendre au temple de Déméter. On y célébrait le mystère de la grande déesse de la fertilité, auquel ces grandes dames devaient assister et participer pour que la récolte soit fructueuse.
« Suce-moi », murmura la fille.
A la porte du temple, les belles Athéniennes furent accueillies par un jeune esclave, qui remarqua avec quel soin particulier elles étaient s'étaient apprêtées ce soir - les yeux brillants, les lèvres rouges, elles étaient vêtues de capes aux découpes plus audacieuses, plus impudiques que tout ce que l'on pouvait voir dans les rues d'Athènes pendant le jour.
Le coeur battant, il se pencha vers le mystère. Si les flics trouvent ma voiture, ils laisseront une contre-danse sous l'essuie-glace, et puis c'est tout.
« Oh, oui, chéri », soupira-t-elle lorsque le garçon, posant délicatement la chair tendre de sa bouche sur les petites lèvres, fit naître en elle un frisson d'extase qui monta vers son ventre et redescendit dans ses cuisses.

La grande prêtresse du temple de Déméter sentit le frémissement d'un plaisir subtil et doux parcourir son corps. La déesse était entrée en elle, et se trouvait à présent dans le temple.


Illustration : Carolyn Weltman Poétesse et peintre à New-York

samedi 26 décembre 2020

Implacable machine happante

Sorcier le héros du roman du même nom de Jim Harrison réve tout éveillé  de sa première fois, vingt ans plus tôt:

- Je crois que c'était mon destin de devenir artiste. Enfin ... de faire de l'art, quoi!

Elle écarta un peu plus les jambes

- Tu ne crois pas qu'on est en train de perdre du temps? observa-t-elle. Quel sont tes préférences au lit?

- Moi? Je suis partant pour tout. Il se redressa et commença a retirer sa chemise.

- Moi je suis plutôt une buccale. On donne et on reçoit. Tu vois ce que je veux dire.

- Je crois que je vois, oui.

Il se livra à des contorsions compliquées afin d'ôter ses chaussures, son pantalon et son caleçon en même temps. Dès qu'il fut à l'air libre, elle se rua en avant et s'empara de son sexe comme pour démarrer un moteur de hors-bord. Si seulement le grand Gauguin pouvait me voir. Elle fit mine de viser, puis plongea et engloutit son pénis d'un seul coup. Ah, ça changeait sérieusement des mordillades confuses reçues à l'université ! Voilà, c'est ça, New York. C'est ça, Greenwich Village. Elle l'attira sur le lit,semblable à une implacable machine happante et aspirante. Elle se plaça de manière à pouvoir passer une cuisse par dessus la tête de Johnny. Très vite, il tenta de ralentir le rythme forcené qu'elle lui imposait ; les poussées brutales du pubis sur sa bouche menaçaient de lui endommager sévèrement les lèvres.


Illustration : Frans de Geetere






mercredi 23 décembre 2020

Duchamp point.

Marcel Duchamp est un artiste. Il l'est depuis sa plus tendre enfance normande, il est éduqué pour cela ainsi que sa soeur et ses frères. Alors, lorsque ses amis lui demande de renommer sa première grande oeuvre Nu descendant un escalier, il préfère la retirer de l'exposition des indépendants de 1912 et ne plus peindre.

L’incident a déterminé en moi, sans même que je m’en rende compte, une complète révision de mes valeurs. (cité par Marc Décimo) L'histoire de l'art en sera bouleversée : Ressentiment + érudition (intelligence) + humour voici le cocktail révolutionnaire. 

Refusé en Europe, Nu descendant un escalier sera exposé en 1913 à l'Armory Show de New York. Marcel dispose d'un nouveau continent pour inventer le futur de l'art.

1913 Première intuition : il associe une roue de bicyclette sur un tabouret. Simplement mouvement.

L'année suivante il achète un porte bouteille au BHV. Cette fois ci il n'y a aucune intervention de l'artiste. Seul le choix.

Janvier 2016 nouvelle intuition : ajouter une phrase et une signature à l'objet pour le transformer en art. Lettre du 15 janvier 1916 de Marcel (A New-york) à Suzanne (sa soeur) :

Prends pour toi ce porte-bouteilles. J’en fais un « ready-made » à distance. Tu inscriras en bas et à l’intérieur du cercle du bas, en petites lettres peintes avec un pinceau à l’huile en couleur blanc d’argent l’inscription que je vais te donner ci après, et tu signeras de la même écriture comme suit : [d’après] Marcel Duchamp

La pièce ayant été perdue, cette opération n'aura pas lieu. Plus tard, il reproduira cette création mais cette fois c'est la phrase qu'il aura oublié.

En 1917, il ajoute ce qui a toujours fait partie de la création artistique : la polémique. C'est l'histoire de l'urinoir.

Marcel Duchamp vient de tuer l'art et d'en inventer un nouveau avec ses qualités : ressentiment, érudition, humour.

Marcel Duchamp s'amusera avec sérieux de cette activité de démiurge et va consacrer le temps qui reste à ses 2 créations : La mariée mise à nu par ses célibataires, même de 1915 à 1923 et Etant donnés de 1946 à 1966 qui ne devra être dévoilé selon ses volontés qu'un an après sa mort.

La vie américaine c'est Francis Picabia, pas pris au sérieux car trop fortuné, Gabrielle Buffet la femme au cerveau érotiqueHenri-Pierre Roché le cavaleur, Beatrice Wood, Man Ray, Mary Reynolds.

Eros c'est la vie. Et à la fin il y a Etant donnés : 1° la chute d'eau 2° le gaz d'éclairage…


Pour voir cela il faut regarder à travers 2 trous dans une large porte. Installation ci dessous.






Albrecht Dürer, la grille de dessin

Duchamp nous met à la place de l'artiste, il nous donne à voir. Concentre le regard. Il nous connait. Il sait que l'on ne sait pas regarder.


Ce que le tableau des peintres nous inspire : Etant donné est un hommage au tableau du peintre : à Courbet et sa fille aux bas blancs, à Manet et son déjeuner sur l'herbe, à Vinci et sa Mona, à Titien et sa Vénus.

Etant donné est un héritage de l'art et d'un artiste...

L'idéa Fissa

 Fisso l'idéa est la première affiche de Marcello Dudovich


Il aurait également réalisé une oeuvre érotique.






 


mardi 22 décembre 2020

J'ai mangé ta chatte comme une pêche

Charles Bukowski Chanson d'amour dans le recueil Tempête pour les morts et les vivants. Une anthologie de poèmes inédits parus dans d’obscurs magazines, conservés dans des bibliothèques et collections privées.

J'ai mangé ta chatte comme une pêche,
j'ai avalé le noyau
le duvet,
calé entre tes jambes
j'ai sucé, mâchouillé, léché
avalé tout ton être, j'ai senti tout ton corps se tendre et tressaillir
comme
un fusil-mitrailleur
J'ai fait de ma langue une flèche
et le jus a coulé
et j'ai avalé
pris de folie
suçant l'intégralité de tes entrailles -
ton con tout entier dans ma bouche aspiré
j'ai mordu
j'ai mordu
et avalé
et toi aussi
tu as cédé à la folie
alors je me suis retiré pour recouvrir
de baisers ton nombril
avant de glisser entre les fleurs blanches de tes jambes.



J'ai embrassé, croqué
Mordillé encore une fois
Tout du long
Ces merveilleux poils pubiens
Qui m'attiraient, m'attiraient toujours plus
J'ai résisté tant que possible
Et puis j'ai bondi sur la chose
Suçant, lapant,
Des poils dans mon âme
Un con dans mon âme
Ton être entier dans mon âme
Dans un lit miraculeux
Avec dehors des cris d enfants
S'amusant sur leurs vélos
À roulettes aux environs de 5 heures de l'après midi
Cette heure merveilleuse
Que constitue 5 heures de l'après midi
Tous les poèmes d'amours étaient écrits
Ma langue est entrée dans ta chatte et dans ton âme
Le couvre lit bleu était là
Sans oublier les enfants dans l'allée
Et ça chantait, et ça chantait, et ça chantait
Et ça chantait

trad. Romain Monnery

lundi 21 décembre 2020

Montmartre Rio de Janeiro

 







Suite du dessinateur et peinte Roméo. Je pense qu'il s'agit de Nicéas Roméo Zanchett. Brésil.

 

Voir lien

samedi 19 décembre 2020

Corps à bouche

 Extraits de la nuit de la bouche d'Etienne Michelet

ventre et la chaleur de ton ventre chaud et plus bas j’embrasse plus bas encore maintenant plus bas ça bouge encore et tu bouges encore sous mes lèvres et encore plus bas tu bouges sous mes lèvres et encore ton corps plus bas humide et chaud plus bas ton corps chaud et humide plus bas tu bouges ton corps et tu trembles et ton ventre et tes seins et ton corps tremblent et tes seins chauds et humides tremblent sous mes doigts humides et tes seins chauds tes seins et ton ventre chauds tremblent encore et tu trembles et tes seins sous ma bouche humide tremblent humides sous ma bouche et tu trembles tu trembles



dans la nuit de tes lèvres d’en bas je me perds dans la nuit de tes lèvres dans le cœur de la nuit de tes lèvres et dans le cœur de la nuit de tes lèvres d’en bas et toi tu t’ouvres tu t’ouvres et tu ouvres tes lèvres tu ouvres ta nuit et tu ouvres tes jambes et tes lèvres et ta nuit et moi je me perds dans ta nuit dans la nuit de tes jambes je me perds et je tremble dans la nuit de tes lèvres et tes jambes et tes lèvres et tes jambes et toi tu t’ouvres toi tu t’ouvres et tu ouvres encore et tu ouvres la nuit et tu ouvres la nuit sans fond la nuit sans fond de tes jambes pour ma langue c’est la nuit la nuit sans fond de tes jambes pour ma


fort tes jambes plus fort sur moi plus fort encore tes jambes encore plus fort tes jambes et tes cuisses plus fort et tes cuisses et tes jambes encore plus fort et tes jambes et tes cuisses et encore tes jambes et encore tes cuisses et tes jambes et tes cuisses humides les cuisses humides de tes jambes humides serre tes cuisses humides serre tout ton corps humide sur la nuit de ma bouche serre et serre ma bouche serre toute ma bouche dans la nuit de tes cuisses tes cuisses dans ma bouche dans toute ma bouche et ta nuit et tes jambes et tes cuisses c’est la fin c’est le début c’est le début de la fin la fin du début


bouton rose le bouton qui tremble tremble rose qui tremble blanc et rose sous ma langue glissante roserose tremblante rose le bouton rose et blanc qui tremble le bouton de la fleur dans mes lèvres qui tremblent dans tes cuisses roses qui tremblent sur la fleur qui tremble qui tremble dans nos cœurs qui tremblent dans nos cœurs roses et roses et noirs c’est la fleur de la nuit la fleur rose et noire de la nuit la fleur en rose rouge rosée je bois et je bois la fleur et je bois ton ciel et ta rosée ton ciel ton ciel rosé dans ma bouche et dans tes lèvres je bois je bois ton corps je bois c’est ton corps que je bois et c’est tout


juin 2019 — 44 pages
Format : 110 x 190 mm
ISBN : 978-3-0361-0062-3
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Illustration : Roméo Zanchett