mardi 29 septembre 2015

J'ai passé des milliers d'heures à ouvrir des jambes fraîches

C'est pour lire ce palimpseste, pour le revoir en moi,  dans ma mémoire, dans mes rêves,  que j'ai passé des milliers d'heures à ouvrir des jambes fraîches.

L'image serait incomplète si elle ne s'augmentait du jeu de la bouche, de la langue, des lèvres aux lèvres et aux sucs ouverts là. M'enfouir, mieux encore par le souffle et par la salive heureuse. Et fouiller. Fouir. De vieux mots. Je vois le cochon  creuser du groin noir où la truffe répand son odeur. Quelqu'un  tremble et crie. L'odeur est encore miel âcre, thym chauffé à l'air d'été, remugle de mer ; et parfois précis, entêtant jusqu'au vertige

Monsieur de Jacques Chessex

Elle s'appelait Léa. La nuit, le jour, Fribourg bruissait autour de nous et m'envahissait de son secret multiple. Catholica urbs per excellentiam! Et le bourdonnement des messes avec leurs chants m'envoûtait , et l'odeur de l'encens froid à l'aube dans l'église où Léa m'entraînait répondait à l'odeur entre ses cuisses toute la nuit. L'encens avec sa persistance d'Orient sucré et de parenté sexuelle qui m'attirait.

Elle se mettait nue et disait :
- Viens respirer, viens sentir la bonne odeur entre les jambes de Léa. Colle ton visage à mon con, petit, et respire les parfums de ta maitresse. (...)

J'ai mangé l'odeur catholique de Léa. J'ai dévoré des odeurs protestantes, des odeurs hérétiques, des odeurs arabes, des odeurs sectaires. Un long temps j'ai accédé à l'odeur inspirée et spirituelle. Une seule fois à l'odeur américaine.


Monsieur

Elle s'est assise au bord du lit, les jambes serrées, tout de suite (évidemment) les jambes ouvertes, comme au Barën la première fois, elle me regarde.

- A genoux, Vincent. Là. Devant moi.

Morgane je ne sais rien de toi (...) Vous vous ouvrez et je vous regarde. Vous vous êtes lentement ouvertes et je vous regarde, je dévisage la splendeur rose, j'approche mon visage entre vos cuisses, j'approche, je dépose un baiser dans l’entrebâillement du sexe et vous pressez doucement ma tête en vous et vous appuyer et je palpe ma bouche en vous et ma langue fouille en vous et votre ventre se tend et vibre et palpite contre mon front, et vos cuisses sont fraîches à mes tempes, et ma main qui presse votre dos remonte vers le creux des reins tièdes et moites.

Morgane madrigal

Il y a l'autre bouche de nuit sous ses lèvres souples et brûlantes. Sa salive est plus épaisse, un  suc, un lait dans les plis, la douceur de ce lait baigne tendrement cette bouche lisse et rose au centre des colonnes satinées, sous les boucles et les moelleuses babines. Elle est secrète, on la caresse, elle pleure, on l'ouvre, on la tient fermée sous les lèvres

Carabas 

Un moment, comme j'enduisais ces lieux de salive, les mots du cardinal Journet me traversèrent l'âme. "On peut baver sur des splendeurs".
Jonas 

— Jonathan ! Jonathan ! Alors tu es sourd Jonathan !

C’est la voix de Mlle Eva. Celle qui est blanche, les poils noirs, on lui voit tout dans la fente.

— J’arrive, j’arrive (pardonnez-moi de vous abandonner, je vous rejoins à l’instant), je cours à vous mademoiselle Eva. Je suis déjà à vos genoux !

Et à vos genoux, c’est bien dire. Quand je suis auprès de Mlle Eva je dois toujours m’agenouiller et la servir pour des petites choses, coller un sparadrap sur la cuisse, à l’intérieur, où c’est lisse, étancher le sang d’une griffure, presser un bouton sur sa hanche. Donc je suis à genoux, Mlle Eva est assise les jambes ouvertes au bord du lit au-dessus de moi, elle halète déjà, on voit la fente noire et rose qui se met à luire entre les cuisses blanches.

Voilà j’ai fini mon service auprès de Mlle Eva, je reviens, je vous retrouve avec plaisir. Permettez seulement que je me rince la bouche et que je me savonne les doigts. Si vous n’étiez pas là, je ne le ferais pas. J’aime bien garder l’odeur sur moi. Voilà. Voilà.


Le portier 

L'imagination est la rosée du réel. Il y avait une fois un garçon qui connaissais mieux son bien depuis  l'instant, dans la partie la plus secrète d'un jardin, où il s'était immergé dans le respirable.

Monsieur

Illustration : May den Engelsen

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