Ce billet fait suite à un précédent billet consacré à l'album Kugelrunda.
vendredi 28 février 2014
jeudi 27 février 2014
Lèvre bas-ventre
Le dernier défi et plaisir de Christophe Lamiot Enos traducteur de Lifting Belly a été de traduire le titre en retrouvant une sonorité Lève bas-ventre. A mon tour de détourner cette sonorité.
Toujours les lèvres pour connaitre, Lifting Belly est le journal de la relation physique entre Gertrude Stein et Alice Babette Toklas, Journal d'un couple de deux femmes vivant comme elles veulent. La langue de la langue de la langue.
Kiss my lips. She did.
Kiss my lips again she did.
Kiss my lips over and over and over again she did.
I have feathers.
Gentle fishes.
Do you think about apricots. We find them very beautiful. It is not alone their color it is their seeds that charm us. We find it a change.
Lifting belly is so strange.
I came to speak about it.
Selected raisins well their grapes grapes are good.
Change your name.
Question and garden.
It's raining. Don't speak about it.
My baby is a dumpling. I want to tell her something. Wax candles. We have bought a great many wax candles. Some are decorated. They have not been lighted.
I do not mention roses.
Exactly.
Actually.
Question and butter.
I find the butter very good.
Lifting belly is so kind.
Lifting belly fattily.
Doesn't that astonish you.
You did want me.
Say it again.
Strawberry.
Lifting beside belly.
Lifting lindly belly.
Sing to me I say.
Some are wives not heroes.
Lifting belly merely.
Sing to me I say.
Lifting belly. A reflection.
Lifting belly adjoibs more prizes.
Fit to be.
I have fit on a hat.
Have you.
What did you say to excuse me. Difficult paper and scattered.
Lifting belly is so kind.
Baise mes lèvres. Elle les a baisées.
Baise mes lèvres à nouveau. Elle les a baisées à nouveau.
Baise mes lèvres encore et encore et encore à nouveau et elle les a baisées encore et encore et en corps à nous vaut.
J'ai des plumes.
De grands poissons.
Penses-tu à des abricots. Nous les trouvons très beaux. Ce n'est pas seulement leur couleur c'est leur noyau qui nous charme. Nous y trouvons une différence.
Lève bas-ventre est si étrange.
Je suis venue pour en parler.
Un choix de raisins secs bon leurs raisins les raisins sont bons.
Différence ton nom.
Questionne et jardine.
Il pleut. N'en parle pas.
Mon bébé est chou tout rose. Je veux lui dire une chose.
Chandelles de cire. Nous avons acheté beau cou beaucoup de chandelles de cire. Certaines sont décorée. Personne ne les a allumées.
Je ne fais pas mention des roses.
Exactement.
Questionne et beurre.
Je trouve le beurre très bon.
L'Éve bas-ventre est si douce.
Lève bas-ventre grassement.
N'est-ce pas que cela t'étonne.
Tu me désirais intensément.
Dis-le à nouveau.
Fraise.
Lève transporte bas-ventre.
Lève douceur bas-ventre.
Chante jusqu'à moi dis-je.
Certaines sont des épouses pas des héros.
Lève bas-ventre simplement.
Chante jusqu'à moi dis-je.
Lève bas-ventre. Un réfléchi.
Gertrude Stein, Lève bas-ventre, traduction de Christophe Lamiot Enos, éditions Corti, 2013, p. 28-29.
Je connaissais Gertrude Stein, l'américaine mécène d'Hemingway, Picasso et tant d'autres. Je ne connaissais pas sa grande amoureuse Alice Babette Toklas.
Gertrude Stein la rend célébre en appelant sa biographie The Autobiography of Alice B. Toklas en 1933.
En 1954, Alice Toklas publie un livre mêlant souvenirs et recettes de cuisine sous le titre The Alice B. Toklas Cookbook. La recette la plus connue (qui lui a été soufflée par son ami l'écrivain Brion Gysin) s'appelle haschisch fudge, un mélange de fruits secs, d'épices et de « canibus sativa » [sic], d'où l'appellation de certaines préparations à base de cannabis et de chocolat : Alice B. Toklas brownies. (Wikipédia)
Elle décède en 1967 mais en 1968 le baiser papillon avec Peters Sellers se nomme I Love You, Alice B. Toklas
Ces deux femmes libres peuvent être considérées comme deux personnalités exceptionnelles du vingtième siècle.
Toujours les lèvres pour connaitre, Lifting Belly est le journal de la relation physique entre Gertrude Stein et Alice Babette Toklas, Journal d'un couple de deux femmes vivant comme elles veulent. La langue de la langue de la langue.
Kiss my lips. She did.
Kiss my lips again she did.
Kiss my lips over and over and over again she did.
I have feathers.
Gentle fishes.
Do you think about apricots. We find them very beautiful. It is not alone their color it is their seeds that charm us. We find it a change.
Lifting belly is so strange.
I came to speak about it.
Selected raisins well their grapes grapes are good.
Change your name.
Question and garden.
It's raining. Don't speak about it.
My baby is a dumpling. I want to tell her something. Wax candles. We have bought a great many wax candles. Some are decorated. They have not been lighted.
I do not mention roses.
Exactly.
Actually.
Question and butter.
I find the butter very good.
Lifting belly is so kind.
Lifting belly fattily.
Doesn't that astonish you.
You did want me.
Say it again.
Strawberry.
Lifting beside belly.
Lifting lindly belly.
Sing to me I say.
Some are wives not heroes.
Lifting belly merely.
Sing to me I say.
Lifting belly. A reflection.
Lifting belly adjoibs more prizes.
Fit to be.
I have fit on a hat.
Have you.
What did you say to excuse me. Difficult paper and scattered.
Lifting belly is so kind.
Baise mes lèvres. Elle les a baisées.
Baise mes lèvres à nouveau. Elle les a baisées à nouveau.
Baise mes lèvres encore et encore et encore à nouveau et elle les a baisées encore et encore et en corps à nous vaut.
J'ai des plumes.
De grands poissons.
Penses-tu à des abricots. Nous les trouvons très beaux. Ce n'est pas seulement leur couleur c'est leur noyau qui nous charme. Nous y trouvons une différence.
Lève bas-ventre est si étrange.
Je suis venue pour en parler.
Un choix de raisins secs bon leurs raisins les raisins sont bons.
Différence ton nom.
Questionne et jardine.
Il pleut. N'en parle pas.
Mon bébé est chou tout rose. Je veux lui dire une chose.
Chandelles de cire. Nous avons acheté beau cou beaucoup de chandelles de cire. Certaines sont décorée. Personne ne les a allumées.
Je ne fais pas mention des roses.
Exactement.
Questionne et beurre.
Je trouve le beurre très bon.
L'Éve bas-ventre est si douce.
Lève bas-ventre grassement.
N'est-ce pas que cela t'étonne.
Tu me désirais intensément.
Dis-le à nouveau.
Fraise.
Lève transporte bas-ventre.
Lève douceur bas-ventre.
Chante jusqu'à moi dis-je.
Certaines sont des épouses pas des héros.
Lève bas-ventre simplement.
Chante jusqu'à moi dis-je.
Lève bas-ventre. Un réfléchi.
Gertrude Stein, Lève bas-ventre, traduction de Christophe Lamiot Enos, éditions Corti, 2013, p. 28-29.
Je connaissais Gertrude Stein, l'américaine mécène d'Hemingway, Picasso et tant d'autres. Je ne connaissais pas sa grande amoureuse Alice Babette Toklas.
Gertrude Stein la rend célébre en appelant sa biographie The Autobiography of Alice B. Toklas en 1933.
En 1954, Alice Toklas publie un livre mêlant souvenirs et recettes de cuisine sous le titre The Alice B. Toklas Cookbook. La recette la plus connue (qui lui a été soufflée par son ami l'écrivain Brion Gysin) s'appelle haschisch fudge, un mélange de fruits secs, d'épices et de « canibus sativa » [sic], d'où l'appellation de certaines préparations à base de cannabis et de chocolat : Alice B. Toklas brownies. (Wikipédia)
Elle décède en 1967 mais en 1968 le baiser papillon avec Peters Sellers se nomme I Love You, Alice B. Toklas
Ces deux femmes libres peuvent être considérées comme deux personnalités exceptionnelles du vingtième siècle.
mardi 25 février 2014
Orgie buccale en Norvège
J’ai abandonné l’académie, le monde de l’art et l’idée entière de
faire carrière dans l’art et j’ai commencé à dessiner des orgies.
La première fois que les dessins ont été exposés, j’ai remarqué que beaucoup de gens rigolaient en les regardant. Depuis je les pense plus comme comique que érotique. Je suis plus intéressé par l’aspect esthétique que l’aspect sexuel lorsque je les dessine. Je ne pense pas que ces dessins soient l’expression de ma sexualité ni de ce que je trouve émoustillant.
Steingrim Veum
Retrouvez Steingrim chez
KSAT
Wall magazine
La première fois que les dessins ont été exposés, j’ai remarqué que beaucoup de gens rigolaient en les regardant. Depuis je les pense plus comme comique que érotique. Je suis plus intéressé par l’aspect esthétique que l’aspect sexuel lorsque je les dessine. Je ne pense pas que ces dessins soient l’expression de ma sexualité ni de ce que je trouve émoustillant.
Steingrim Veum
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KSAT
Wall magazine
lundi 24 février 2014
Profonde Rose
Sombre et profonde rose, antre d’ombre odorante,
Ô Rose de plaisir, dont le plaisir est pleur,
Rose humide d'espoir d'une caresse errante
Sur ses bords de calice où la chair se fait fleur,
Ô Rose de plaisir, dont le plaisir est pleur,
Rose humide d'espoir d'une caresse errante
Sur ses bords de calice où la chair se fait fleur,
D'une eau délicieuse, ô molle Rose, enivre,
Jusqu'à l'excès divin du bonheur animal,
Un coeur fuyant l'affreuse aventure de vivre
Qui boive ce poison de son étrange mal...
Jusqu'à l'excès divin du bonheur animal,
Un coeur fuyant l'affreuse aventure de vivre
Qui boive ce poison de son étrange mal...
Laisse fondre sur toi la lèvre favorite
Dont l'oeuvre toute tendre et sinueuse irrite
Plus, toujours plus en toi, toujours plus de douceur ;
Dont l'oeuvre toute tendre et sinueuse irrite
Plus, toujours plus en toi, toujours plus de douceur ;
Tandis que la beauté qui te porte palpite
Et palpitante inspire une tendresse soeur
Que son soupir appelle et qui se précipite...
Et palpitante inspire une tendresse soeur
Que son soupir appelle et qui se précipite...
Corona et Coronilla
Illustration Bettys Dodson
dimanche 23 février 2014
Fameni Leporini
samedi 22 février 2014
Cunnilingus nubile
On sait peu de chose de Fameni Leporini.
Dessinateur (ou trice) de la fin du XIXème. La jeunesse des filles peut
être choquante on peut la voir également comme des filles nubiles c'est
à dire en âge de se marier.
autre lien
autre lien
vendredi 21 février 2014
mercredi 19 février 2014
Cuba Libre
Des taches de rousseurs, un air espiègle, de petits seins. Elle est maternelle et femme quand elle me
récupère au bar bien abimé par trois heures d'Ernest Hemingway le
cocktail du soir.
Je la fais rire avec mon discours sans queue ni tête, mes cheveux ébouriffés et mon indigne conduite. Je parle de Jean Ferrat et de cunnilingus libertaire.
Elle s'assoit en face de moi qui suis à moitié allongé dans son canapé. Elle retire sa culotte et me la lance à la figure en riant. Elle sent un mélange d'urine et de sexe excité. Je peux revivre certains moments où je l'ai senti troublé, son slip en a gardé la trace.
Elle boit un mojito au champagne, ses jambes écartées elle me montre son minou. Parfois elle se caresse et se lèche les doigts sucrés et mouillés. Elle m'invite à la gamahucher. D'abord nature puis mélangée avec le sucre du mojito. Elle se caresse sa petite poitrine.
La tête me tourne mais le sucre de son fruit me garde en vie. Elle a peut-être plusieurs orgasmes mais je ne m'en rappellerais plus.
Photo : Jonathan Leder
Je la fais rire avec mon discours sans queue ni tête, mes cheveux ébouriffés et mon indigne conduite. Je parle de Jean Ferrat et de cunnilingus libertaire.
Elle s'assoit en face de moi qui suis à moitié allongé dans son canapé. Elle retire sa culotte et me la lance à la figure en riant. Elle sent un mélange d'urine et de sexe excité. Je peux revivre certains moments où je l'ai senti troublé, son slip en a gardé la trace.
Elle boit un mojito au champagne, ses jambes écartées elle me montre son minou. Parfois elle se caresse et se lèche les doigts sucrés et mouillés. Elle m'invite à la gamahucher. D'abord nature puis mélangée avec le sucre du mojito. Elle se caresse sa petite poitrine.
La tête me tourne mais le sucre de son fruit me garde en vie. Elle a peut-être plusieurs orgasmes mais je ne m'en rappellerais plus.
Photo : Jonathan Leder
dimanche 2 février 2014
Le clitoris madeleine de Proust
A nouveau Ceriselibertine n’a peur de rien et après la Genèse, la Vénus de Titien et le Citizen Kane d’Orson Welles je m’attaque à la madeleine de Marcel Proust et j’ose affirmer que le clitoris est la vraie madeleine.
D’abord je remarque que le narrateur se place au niveau du sexe de ses personnages
J’avais,
comme je l’ai dit, délaissé le point de vue merveilleux, si
confortablement aménagé au haut de la maison, d’où l’on embrasse les
pentes accidentées par où l’on monte jusqu’à l’hôtel de Bréquigny, et
qui sont gaiement décorées à l’italienne par le rose campanile de la
remise appartenant au marquis de Frécourt. J’avais trouvé plus pratique,
quand j’avais pensé que le duc et la duchesse étaient sur le point de
revenir, de me poster sur l’escalier. (…)
À défaut de la contemplation du géologue, j’avais du moins celle du botaniste et regardais par les volets de l’escalier le petit arbuste de la duchesse et la plante précieuse
exposés dans la cour avec cette insistance qu’on met à faire sortir les
jeunes gens à marier, et je me demandais si l’insecte improbable
viendrait, par un hasard providentiel, visiter le pistil offert et délaissé.
La curiosité m’enhardissant peu à peu, je descendis jusqu’à la fenêtre
du rez-de-chaussée, ouverte elle aussi, et dont les volets n’étaient
qu’à moitié clos.
Le narrateur décrit son travail de botaniste des sexes, du sexe.
Puis
me rendant compte que personne ne pouvait me voir, je résolus de ne
plus me déranger de peur de manquer, si le miracle devait se produire,
l’arrivée presque impossible à espérer (à travers tant d’obstacles, de
distance, de risques contraires, de dangers) de l’insecte envoyé de si
loin en ambassadeur à la vierge qui depuis longtemps prolongeait son
attente. Je savais que cette attente n’était pas plus passive que chez
la fleur mâle, dont les étamines s’étaient
spontanément tournées pour que l’insecte pût plus facilement la
recevoir ; de même la fleur-femme qui était ici, si l’insecte venait,
arquerait coquettement ses « styles », et pour être mieux pénétrée par
lui ferait imperceptiblement, comme une jouvencelle hypocrite mais
ardente, la moitié du chemin. Les lois du monde végétal sont gouvernées
elles-mêmes par des lois de plus en plus hautes. Si la visite d’un
insecte, c’est-à-dire l’apport de la semence d’une autre fleur, est
habituellement nécessaire pour féconder une fleur, c’est que
l’autofécondation, la fécondation de la fleur par elle-même, comme les
mariages répétés dans une même famille, amènerait la dégénérescence et
la stérilité, tandis que le croisement opéré par les insectes donne aux
générations suivantes de la même espèce une vigueur inconnue de leurs
aînées. Cependant cet essor peut être excessif, l’espèce se développer
démesurément ; alors, comme une antitoxine défend contre la maladie,
comme le corps thyroïde règle notre embonpoint, comme la défaite vient
punir l’orgueil, la fatigue le plaisir, et comme le sommeil repose à son
tour de la fatigue, ainsi un acte exceptionnel d’autofécondation vient à
point nommé donner son tour de vis, son coup de frein, fait rentrer
dans la norme la fleur qui en était exagérément sortie. Mes réflexions
avaient suivi une pente que je décrirai plus tard et j’avais déjà tiré
de la ruse apparente des fleurs une conséquence sur toute une partie inconsciente de l’oeuvre littéraire, quand je vis M. de Charlus qui ressortait de chez la marquise.
Le début de la partie 2 n’est pas moins sexuel, plus que phallique je le découvre clitoridien.
Bien qu’il fût plus de neuf heures, c’était lui encore (le jour d’été) qui sur la place de la Concorde donnait à l’obélisque de Louqsor un air de nougat rose.
Les descriptions de visage par Proust nous ramène en permanence à voir non pas le visage mais le sexe de la femme.
- Albertine, rose, pelotonnée comme une grosse chatte, le nez mutin
- la mine éveillée et rougissante d’une chatte mutine et perverse au petit nez rose et levé
- son petit nez rose de chatte
- Le rose ou la rose reviennent souvent : dame en rose, aubépine rose, le fromage à la crème rose, l'air d'une rose stérilisée, les roses apparitions
Les expressions triviales ci dessous désignent le cunnilingus
(elle) avoua qu’elle aimerait me voir «porter la moustache».
Elle alla même, et mes chances me parurent alors très grandes, jusqu’à
prononcer, terme que, je l’eusse juré, elle ignorait l’année précédente,
que depuis qu’elle avait vu Gisèle il s’était passé un certain «laps de temps».
Ce n’est pas qu’Albertine ne possédât déjà quand j’étais à Balbec un
lot très sortable de ces expressions qui décèlent immédiatement qu’on
est issu d’une famille aisée, et que d’année en année une mère abandonne
à sa fille comme elle lui donne au fur et à mesure qu’elle grandit,
dans les circonstances importantes, ses propres bijoux. On avait senti
qu’Albertine avait cessé d’être une petite enfant quand un jour, pour
remercier d’un cadeau qu’une étrangère lui avait fait, elle avait
répondu: «Je suis confuse.» (…)
«Laps
de temps» me sembla de meilleur augure encore. Enfin m’apparut
l’évidence de bouleversements que je ne connaissais pas mais propres à
autoriser pour moi toutes les espérances, quand Albertine me dit, avec
la satisfaction d’une personne dont l’opinion n’est pas indifférente:
— C’est, à mon sens, ce qui pouvait arriver de mieux.... J’estime que c’est la meilleure solution, la solution élégante.
C’était
si nouveau, si visiblement une allusion laissant soupçonner de si
capricieux détours à travers des terrains jadis inconnus d’elle que, dès
les mots «à mon sens», j’attirai Albertine, et à «j’estime» je l’assis
sur mon lit. Source
Lui, du moins, va droit au but!
me dit Albertine d’un air de reproche.—Vous me dites cela parce que
vous ne savez pas ce que j’aurais voulu vous dire. Mais c’est tellement
difficile que j’aime mieux y renoncer; je suis certain que je vous
fâcherais; alors cela n’aboutira qu’à ceci: je ne serai en rien plus
heureux avec celle que j’aime d’amour et j’aurai perdu une bonne
camarade.—Mais puisque je vous jure que je ne me fâcherai pas.» Elle
avait l’air si doux, si tristement docile et d’attendre de moi son
bonheur, que j’avais peine à me contenir et à ne pas embrasser, presque
avec le même genre de plaisir que j’aurais eu à embrasser ma mère, ce
visage nouveau qui n’offrait plus la mine éveillée et rougissante d’une chatte mutine et perverse au petit nez rose et levé,
mais semblait dans la plénitude de sa tristesse accablée, fondu, à
larges coulées aplaties et retombantes, dans de la bonté.(…)
Et attirant ma tête pour une caresse qu’elle ne m’avait encore jamais faite
et que je devais peut-être à notre brouille finie, elle passa
légèrement sa langue sur mes lèvres, qu’elle essayait d’entr’ouvrir.
Pour commencer je ne les desserrai pas. «Quel grand méchant vous
faites!» me dit-elle. Source
Aussi,
ce soir-là, me lança-t-elle un regard moitié souriant, moitié inquiet,
en courbant son petit nez rose de chatte. En effet, croisant sur sa jupe
de crêpe de chine gris, sa jaquette de cheviote grise laissait croire
qu’Albertine était tout en gris. Mais me faisant signe de l’aider, parce
que ses manches bouffantes avaient besoin d’être aplaties ou relevées
pour entrer ou retirer sa jaquette, elle ôta celle-ci, et comme ces
manches étaient d’un écossais très doux, rose, bleu pâle, verdâtre,
gorge-de-pigeon, ce fut comme si dans un ciel gris s’était formé un
arc-en-ciel. Et elle se demandait si cela allait plaire à M. de Charlus.
«Ah! s’écria celui-ci ravi, voilà un rayon, un prisme de couleur. Je
vous fais tous mes compliments.—Mais Monsieur seul en a mérité, répondit
gentiment Albertine en me désignant, car elle aimait montrer ce qui lui
venait de moi Source
Et
dans la scène de la chambre est-ce vraiment le visage d’Albertine que
le narrateur décrit (célèbre scène qui contient ce dialogue:
— Faut-il que j’éteinde?
—
Teigne? glissa à mon oreille Albertine, me laissant charmé par la
vivacité familière avec laquelle, me prenant à la fois pour maître et
pour complice, elle insinua cette affirmation psychologique dans le ton
interrogatif d’une question grammaticale.
Quand Françoise fut sortie de la chambre et Albertine rassise sur mon lit:
—
Savez-vous ce dont j’ai peur, lui dis-je, c’est que si nous continuons
comme cela, je ne puisse pas m’empêcher de vous embrasser.
— Ce serait un beau malheur.
Je
n’obéis pas tout de suite à cette invitation, un autre l’eût même pu
trouver superflue, car Albertine avait une prononciation si charnelle et
si douce que, rien qu’en vous parlant, elle semblait vous embrasser.
Une parole d’elle était une faveur, et sa conversation vous couvrait de
baisers.
Mais en laissant mon regard glisser sur le
beau globe rose de ses joues, dont les surfaces doucement incurvées
venaient mourir aux pieds des premiers plissements de ses beaux cheveux
noirs qui couraient en chaînes mouvementées, soulevaient leurs
contreforts escarpés et modelaient les ondulations de leurs vallées, je dus me dire: «Enfin, n’y ayant pas réussi à Balbec, je vais savoir le goût de la rose inconnue
que sont les joues d’Albertine. Et puisque les cercles que nous pouvons
faire traverser aux choses et aux êtres, pendant le cours de notre
existence, ne sont pas bien nombreux, peut-être pourrai-je considérer la
mienne comme en quelque manière accomplie, quand, ayant fait sortir de
son cadre lointain le visage fleuri que j’avais choisi entre tous, je
l’aurai amené dans ce plan nouveau, où j’aurai enfin de lui la connaissance par les lèvres.» Je me disais cela parce que je croyais qu’il est une connaissance par les lèvres; je me disais que j’allais connaître le goût de cette rose charnelle,
parce que je n’avais pas songé que l’homme, créature évidemment moins
rudimentaire que l’oursin ou même la baleine, manque cependant encore
d’un certain nombre d’organes essentiels, et notamment n’en possède
aucun qui serve au baiser. A cet organe absent il supplée par les lèvres,
et par là arrive-t-il peut-être à un résultat un peu plus satisfaisant
que s’il était réduit à caresser la bien-aimée avec une défense de
corne. Mais les lèvres, faites pour amener au palais la saveur de ce qui
les tente, doivent se contenter, sans comprendre leur erreur et sans
avouer leur déception, de vaguer à la surface et de se heurter à la
clôture de la joue impénétrable et désirée. D’ailleurs à ce moment-là,
au contact même de la chair, les lèvres, même dans l’hypothèse où elles
deviendraient plus expertes et mieux douées, ne pourraient sans doute
pas goûter davantage la saveur que la nature les empêche actuellement de
saisir, car, dans cette zone désolée où elles ne peuvent trouver leur
nourriture, elles sont seules, le regard, puis l’odorat les ont
abandonnées depuis longtemps. D’abord au fur et à mesure que ma bouche
commença à s’approcher des joues que mes regards lui avaient proposé
d’embrasser, ceux-ci se déplaçant virent des joues nouvelles;
le cou, aperçu de plus près et comme à la loupe, montra, dans ses gros
grains, une robustesse qui modifia le caractère de la figure.
Était-ce parce que nous jouions (figurée par la révolution d’un solide) la scène inverse de celle de Balbec, que j’étais, moi, couché, et elle levée, capable d’esquiver une attaque brutale et de diriger le plaisir à sa guise, qu’elle me laissa prendre avec tant de facilité maintenant ce qu’elle avait refusé jadis avec une mine si sévère?
Pour finir Balbec me fait penser à Malbec (mauvaise bouche) et je salut les producteurs de la petite madeleine 100% Malbec.
samedi 1 février 2014
Descendons à la cave
Le caviste est en français du Gabon un adepte du cunnilingus. Cette petite info d'Afrik.com me permet d'alimenter ma rubrique Planète cunnilingus. Jean Ditougou,
enseignant-chercheur au département de littératures africaines de
l’université de Libreville, a consacré un ouvrage à ce « français
carrefour » mélange d’expressions gabonaises et de mots détournés de
leur sens habituel.
J'y apprend également que je suis un cabinateur de part ma fréquentation active du cabinet ... des curiosités, bien sur. Et que le passé glorieux se rapporte, lui, au postérieur des femmes, véritable lieu de gloire tourné vers le passé.
Descendre à la cave consiste en argot français à pratiquer le cunnilingus. On peut aussi descendre au barbu (de moins en moins avec toutes ces monts de vénus épilés), descendre au lac ou descendre au panier.A moins que vous glottiner, gougnotter ou gouiner pour celles qui préfère la lettre G.
Est-ce que l'on peut descendre à la parfonde (si profonde) ou à la fraîche (si fraîche)?
Mieux vaux ne pas confondre avec la cavée(l'église) ou la cave (cellule du commissariat) et ne pas finir décavé (tout perdre au jeu).
On peut s'y faire chasser dicave si on est un rat des caves (commis des contributions indirectes ou inspecteur chargé des archives), un cave (personne honnête pour un homme du milieu), un cavillon (petit cave) ou un poucave (informateur).
Mais ce n'est pas mon cas et je vais pouvoir rincer la profonde (vider la cave) et boire la cyprine l'eau bénite de cave à boire pure sans marier la cave et le puit (mettre de l'eau dans son vin)
Car il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise. (Baudelaire bien sur)
Moi j'ai choisi ma cave ou devrais-je dire la votre.
Illustration : Frans de Geetere
J'y apprend également que je suis un cabinateur de part ma fréquentation active du cabinet ... des curiosités, bien sur. Et que le passé glorieux se rapporte, lui, au postérieur des femmes, véritable lieu de gloire tourné vers le passé.
Descendre à la cave consiste en argot français à pratiquer le cunnilingus. On peut aussi descendre au barbu (de moins en moins avec toutes ces monts de vénus épilés), descendre au lac ou descendre au panier.A moins que vous glottiner, gougnotter ou gouiner pour celles qui préfère la lettre G.
Est-ce que l'on peut descendre à la parfonde (si profonde) ou à la fraîche (si fraîche)?
Mieux vaux ne pas confondre avec la cavée(l'église) ou la cave (cellule du commissariat) et ne pas finir décavé (tout perdre au jeu).
On peut s'y faire chasser dicave si on est un rat des caves (commis des contributions indirectes ou inspecteur chargé des archives), un cave (personne honnête pour un homme du milieu), un cavillon (petit cave) ou un poucave (informateur).
Mais ce n'est pas mon cas et je vais pouvoir rincer la profonde (vider la cave) et boire la cyprine l'eau bénite de cave à boire pure sans marier la cave et le puit (mettre de l'eau dans son vin)
Car il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise. (Baudelaire bien sur)
Moi j'ai choisi ma cave ou devrais-je dire la votre.
Illustration : Frans de Geetere
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