Steven Sampson et David di Noota à propos de Philip Roth et de Portnoy et son complexe :
David di Noota: tout est résumé dans ce merveilleux jeu de mots : « Trou love». Pouvez-vous nous dire deux mots sur le « trou » en question ?
Steven Sampson
: il s’agit de l’origine du monde au sens courbetien. Chez Roth, le
héros est un explorateur de l’anatomie féminine ; il veut voir d’où il
est issu. il est en quête de CON-naissance. La première fois qu’il
rencontre sa future fiancée, Portnoy propose de lui faire un cunnilingus
en échange d’une fellation. Le 69 est ainsi au coeur de ce roman sorti
en 69. C’est un acte qui permet à la "shikse" de « découvrir
» le phallus circoncis, et au juif d’approfondir ses connaissances sans
conséquences reproductives. Parce qu’il ne faut surtout pas mélanger le
sang de l’un et de l’autre. Chez Roth, on respecte la pureté
primordiale et on boit à la source. Une de ses images fondamentales est
celle du « lait » qui gicle, et pas seulement pendant des
scènes de masturbation ou de fellation. Le personnage féminin est
souvent associé aux vaches et aux produits laitiers. On pense à
l’héroïne de Lorsqu’elle était gentille, qui travaille dans un milk bar, et à celle de La Tache, qui est trayeuse dans une ferme. Celle de Pastorale américaine élève des taureaux et sélectionne le meilleur sperme. L’homme aussi peut donner du lait : dans Le Sein,
David Kepesh se métamorphose en sein géant, avec un mamelon à
l’emplacement de son pénis. Partout où l’on regarde, on tombe sur une
histoire de fellation, qui intervient parfois à un moment critique,
comme dans ''La Tache''. C’est à considérer d’un point de vue
religieux : la communion entre la "shikse" et le phallus circoncis crée une "Nouvelle Alliance".
Voici la scène de Portnoy et son complexe (retrouvez cet extrait chez Pleasant Fountains)
et
puis un soir, vers minuit, à l’angle de Lexington et de la 52e,
lorsqu’on est vraiment arrivé au point de perdre sa foi dans l’existence
d’une créature telle qu’on se l’est imaginée pour soi-même alors qu’on a
déjà doublé le cap des trente-deux ans, elle est là en tailleur
pantalon marron, essayant d’arrêter un taxi – longue et mince, avec une
opulente chevelure brune, des traits minuscules qui confèrent à son
visage une espèce d’expression arrogante, et un cul absolument
fantastique.
Pourquoi pas? Qu’y a-t-il de perdu? Qu’y a-t-il de gagné d’ailleurs? Allez, vas-y, pauvre corniaud, ligoté, garrotté, menotté, parle-lui. Elle possède un cul avec les rondeurs et le sillon médian du brugnon le plus parfait du monde ! Parle !
« ’Soir – doucement et avec un soupçon de surprise, comme si je l’avais peut-être déjà rencontrée ailleurs… »
« Qu’est ce que vous voulez ? »
« Vous offrir un verre »
«
Un vrai tombeur », dit-elle en ricanant. Au rapporteur adjoint à la
commission de la Promotion de l’Homme, pour cette ville tout entière ! «
Te brouter le minou, bébé, ça te dit ? » Mon Dieu ! Elle va appeler un
flic ! Qui me livrera au maire !
« C’est déjà mieux », répondit-elle.
Et alors un taxi s’est arrêté et nous sommes allés à son appartement où elle a enlevé ses vêtements et m’a dit, « Vas-y. »
Mon
incrédulité ! Qu’une chose pareille puisse m’arriver à moi ! Et si j’ai
brouté ! C’était soudain comme si ma vie s’introduisait au cœur d’un
rêve humide. J’étais là, bouffant enfin le con de la vedette de tous ces
films pornographiques que j’avais produits dans ma tête depuis que
j’avais pour la première fois posé la main sur mon propre nœud…
Penser à lire Exley
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