lundi 12 juillet 2021

Le baiser-qui-fait-gémir

François Nourissier le corps de Diane 1957 qui faisait preuve à ces 30 ans d'une belle immaturité sexuelle ; ce baiser-qui-fait-gémir est assez ridicule. Il a par la suite renié ces premiers romans.

Je sus enfin qe j'allais être victorieux. J'embrassais l'autre cheville ; puis la zone dure de la jambe, celle qui ne dépare jamais aucun duvet et que le soleil teinte chaque été de brun brillant ; puis les genoux - froids, osseux, ronds - puis le versant secret des cuisses, toujours chaud, toujours doux. Je ne tremblais pas de désir, mais d'une nervosité moqueuse et méchante. Quoi de plus ridicule que ces ruses d'homme, cette gymnastique, l'oreille attentive que je prêtais à l'essoufflement de l'américaine? Absurbe et vulgaire. Je n'avais aucune raison d'être là, couché, tordu sur le tapis, mon visage aux yeux fermés enfoncé dans un bruissement de chiffons raides. Le baiser-qui-fait-gémir fut compromis par les chiffons. Je m'obstinais jusqu'à ce qu'une main eût accroché mes cheveux pour écarter mon front, mes lèvres. Nous avions tous deux des respirations haletantes, profondes, et nous cherchions, dans l'ombre, à nous voir. Toutes les lumières allumées, sans doute aurions nous échangé ce même regard d'aveugles mécontents. Une espèce de chaleur me vint soudain. Je me redressai et j'enlaçais la fille. Je repris ses lèvres, heureux qu'elle devinât, sur les miennes, ce que sent l'amour pour un homme.


3 dessins de Luc Lafnet : peut-être des oeuvres de jeunesse.





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