vendredi 2 août 2013

Jeanne, Jean et l'académicien

De vos fruits, Jeanne, amande, pêche ou fraise,
on sait la tendre et puissante saveur :
ils sont de ceux gonflés de ta ferveur
qu'on presse, on croque, on suce, on boit, on baise.
Le jus Tendresse et puis le suc Amour
tandis que l'âme avec l'âme roucoule,
des fruits pressés, l'un jaillit, l'autre coule,
et l'autre et l'un, dans ton soyeux séjour.

Paul Valéry ,
22 juin 1938
in Corona et Coronilla
poème à Jean Voilier

Dans la nuit du 4 au 5 aout 1892, le jeune Paul Valéry (21 ans) a l'illumination de se consacrer aux choses de l'esprit. C'était sans compter sur la rencontre avec Jean Voilier (la Jeanne du poème) et son "organisation amoureuse" qui lui a permis d'inspirer les esprits de son temps. Et comme on a qu'un temps il ne faut pas laisser faire les choses successivement mais en même temps.

Le journal intime de Paul Valery et ses poèmes à Jean Voilier publiés éditons de Fallois en 2008 (150 poèmes écris entre 1938 et 1945 sa mort) nous montre un Paul Valery enfin libéré et cunnicologue.

Je te caresse dans la tiédeur de la lumière doucement riche, je cause avec toi(voluptueusement, intelligemment), il n’y a pas de mot qui combine les deux termes en un seul adverbe extraordinaire. Il faudrait avoir une langue à nous-(quelquefois cette idée se matérialisa et il n’y eut bien qu’une bouche et une langue). Tiens, tu me fais crayonner des bêtises. Mais songe que ce moment est le seul de cette immense journée où je vive un peu avec et pour toi.

Portrait d’une femme romanesque Jean Voilier, de Célia Bertin, éditions de Fallois

Junker rectoodalisqueweb 
Odalisque
photographie de Susanne Junker, autoportrait Paris 2001 

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