Et je cède la parole à Jean-Christophe Ferrari (POSITIF, No. 538) accrochez vous :
Les deux premières séquences de La Saveur de la pastèque, deux femmes qui, filmées grand-angle, se croisent dans un couloir en forme de V (de cuisses écartées), et un jeune homme qui, par manière de parodie du cunnilingus et pour les besoins d'un film pornographique, lèche une pastèque posée sur le pubis d'une infirmière, attestent clairement des enjeux et de la problématique du dernier film de Ming-liang Tsai: nous sommes prisonniers, conjointement, de la sexualité et de sa représentation.
Comment
combler l'écart entre deux corps ? Comment investir un corps ? Comment
s'installer enlui ? Peut-on toucher l'autre ? Au sens propre comme au
sens figuré ?
À la douleur de ces frustrations, La Saveur de la pastèque, dans une séquence dont la tension transgressive et libératrice est comparable au finale de L'Empire des sens et à celui de La Rivière, offre la plus belle, la plus politique, la plus cinématographique des issues : le regard. En dévisageant avec avidité la femme que jusqu'à présent il n'arrivait pas à pénétrer, malgré les médiations matérielles, sociales, visuelles et politiques, l'acteur joué par Lee parvient enfin à se déverser en elle (dans sa gorge dilatée et obstruée).
*Extraits de l'article version complète en lien
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