dimanche 27 février 2011

C'est une Tribade (Gamiani de Musset)

Riche, jeune et belle, la comtesse Gamiani est la source de rumeur mais demeure un mystère impénétrable pour Alcide.

Je n’arrivai jamais à une conclusion satisfaisante.
Dépité, j’allais quitter mon sujet, lorsque, derrière moi, un vieux libertin, élevant la voix, jeta cette exclamation : Bah ! c’est une Tribade.
 
Ce mot fut un éclair : tout s’enchaînait, s’expliquait, il n’y avait plus de contradiction possible.
 
Une Tribade ! Oh ! ce mot retentit à l’oreille, d’une manière étrange ; puis, il élève en vous je ne sais quelles images confuses de voluptés inouïes, lascives à l’excès. C’est la rage luxurieuse, la lubricité forcenée, la jouissance horrible qui reste inachevée.




Extrait du Gamiani d'Alfred de Musset dans lequel Alcide assistant aux ébats lesbien de la comtesse de Gamiani et de Fanny n'en peut plus et intervient dans la mêlée. Magnifique fantasme d'homme.


Ce double contact de deux corps suant le plaisir, tout brulants de luxure, me ravivait encore, redoublait mes désirs. 

Le feu me touchait partout. Je demeurai ferme, victorieux au pouvoir de Fanny; puis, sans rien perdre de ma position, dans ce désordre étrange de trois corps se mêlant, se croisant, s'enchevêtrant l'un dans l'autre, je parvins à saisir fortement les cuisses de la Comtesse, à les tenir écartées au dessus de ma tête. 

"Gamiani! à moi! portez-vous en avant, ferme sur vos bras! 

Gamiani me comprit, et je pus à loisir poser ma langue active, dévorante sur sa partie en feu. 

Fanny insensée, éperdue, caressait amoureusement la gorge palpitante qui se mouvait au dessus d'elle. 

En un instant la comtesse fut vaincue, achevée. 

"G. Quel feu vous allumez! C'est trop...... grâce!... oh!.... quel jeu lubrique! vous me tuez.... Dieu! j'étouffe." 

Le corps de la Comtesse retomba lourdement de côté comme une masse morte. 

 
Fanny plus exaltée encore, jette ses bras à mon cou, m'enlace, me serre, croise ses jambes sur mes reins. 

"F. -- Cher ami! à moi... tout à moi. Modère un peu... arrête.... là.... ah!..... va plus vite... va donc..... oh! je sens!... je nage!.... je......" 

Et nous restâmes l'un sur l'autre étendus, raides, sans mouvement; nos bouches entrouvertes, mêlées, se renvoyaient à peine nos haleines presque éteintes.
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Illustration Achille Devéria
 
Etude sur le Gamiani de Musset par Huysmans

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