vendredi 30 avril 2010

Sucer la substantifique moelle ou la dignité des braguettes

Plus encore que le culte du cul et des pratiques sodomites que le récit raconte (...) le récit de Rabelais est spirituellement pornographique car il cherche le trou, la fente initiale qui engendre le monde, fente magistrale de la femme, quasi absente du texte, omniprésente dans sa béance mystique, (...)

Extrait de la dignité des braguettes : Rabelais pornographe  Christine Escarmant

La langue de Rabelais reste un mystère pour moi mais comment ne pas penser au sexe d'une femme lorsqu'il parle de braguette : Comment on vestit Gargantua

Et fut la forme d'icelle comme d'un arc boutant, bien estachée joyeusement à deux belles boucles d'or, que prenoient deux crochetz d'esmail, en un chascun desquelz estoit enchassée une grosse esmeraugde de la grosseur d'une pomme d'orange. Car (ainsi que dict Orpheus, (libro De Lapidibus), et Pline, (libro ultimo)) elle a vertu erective et confortative du membre naturel. L'exiture de la braguette estoit à la longueur d'une canne , deschicquetée comme les chausses,  avecques le damas bleu flottant comme davant. Mais, voyans la belle brodure de canetille et les plaisans entrelatz d'orfeverie, garniz de fins diamens, fins rubiz, fines turquoyses, fines esmeraugdes et unions Persicques , vous l'eussiez comparée à une belle corne d'abondance, telle que voyez es antiquailles, et telle que donna Rhea es deux nymphes Adrastea et Ida, nourrices de Jupiter; - tousjours gualante, succulente, resudante, tousjours verdoyante, tousjours fleurissante, tousjours fructifiante, plene d'humeurs, plene de fleurs, plene de fruictz, plene de toutes délices. Je advoue Dieu s'il ne la faisoit bon veoir ! Mais je vous en exposeray bien dadvantaige au livre que j'ay faict "De la dignité des braguettes". D'un cas vous advertis que, si elle estoit bien longue et bien ample, si estoit elle bien guarnie au dedans et bien avitaillée, en rien ne ressemblant les hypocriticques braguettes d'un tas de muguetz, qui ne sont plenes que de vent, au grand interest du sexe féminin.

Et ce géant de parler du clitoris dans le tiers livre de Pantagruel

Quand ie diz femme, ie diz un sexe tant fragil, tant variable, tant muable, tant inconstant, & imperfaict, que nature me semble (parlant en tout honneur & reverence) s'estre esguarée de ce bon sens, part lequel elle avoit créé & formé toutes choses, quand elle a basty la femme. Et y ayant pensé cent & cinq foys, ne sçay à quoy m'en resouldre: si non que forgeant la femme, elle a eu esguard à la sociale delectation de l'homme, & à la perpetuité de l'espèce humaine:  qu'à la perfection de l'individuale muliebrité. Certes Platon ne sçait en quel ranc il les doibve colloquer, ou des animans raisonnables, ou des bestes brutes. Car Nature leurs a dedans le corps posé en lieu secret & intestin un animal, un membre, lequel n'est es hommes: on quel quelques foys sont engendrées certaines humeurs falses, nitreuses, bauracineuses, acres, mordicantes, lancinantes, chatouillantes amerement: par la poincture & fretillement douloureux des quelles (car ce membre est tout nerveux, & de vif sentement) tout le corps est en elles esbranlé, tous les sens raviz, toutes affections interinées, tous pensemens confonduz.
De manière, que si Nature ne leurs eust arrousé le front d'un peu de honte, vous les voiriez comme forcenées courir l'aiguillette plus espovantablement que ne feirent oncques les Proetides, les Mimallonides, ne les Thyades Bacchicques au iour de leurs Bacchanales. Par ce que cestuy terrible animal a colliguance à toutes les parties principales du corps, comme est evident en l'Anatomie.

Alors je vous invite également à approfondir le sens du récit, à "rompre l'os et sucer la substantifique moelle".

Illustration tiré du site de Yoni. Je n'ai pu m'en empêcher.

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