mercredi 13 février 2019

Ne pique pas les yeux

Avec lenteur, je l'étends, admirant pour la première fois ce corps soyeux et compact, ces seins haut dardés, cette légère traînée de poudre de riz autour de cette fente toute proche. Elle attire ma tête vers la traînée de poudre, mais l'odeur me révulse l'estomac. C'est celle du shampooing de Colm : NE PIQUE PAS LES YEUX.
- S'il te plaît, exhale-t-elle.
S'il me plaît quoi ? J'espère qu'elle ne va pas me laisser prendre l'initiative. J'ai toujours eu un problème pour prendre des décisions.
Embrasser la douce bande de chair située sous le nombril ; voir la marque que l'élastique de son slip a gravée sur le petit renflement de son ventre. Je n'arrive pas à me rappeler le moment où ses dessous sont partis, et ça m'ennuie. Etait-ce de son propre chef ou du mien ? Un moment pareil ne devrait pas s'oublier ! Je repose mon menton râpeux sur sa toison duveteuse. Quand je bouge, quand elle sent mon baiser, elle m'empoigne la tête et me tire violemment les cheveux par deux fois. Puis ses cuisses se détendent, et elle applique ses paumes sur mes oreilles pour que je puisse écouter la mer en stéréo - ou plutôt le réservoir de Coralville en crue, qui va transformer notre colline en îlot ; nous laisser là, abandonnés sous les vols des canards nocturnes, environnés de l'odeur poussiéreuse montant comme une brume des champs de soja.
Elle relâche une de mes oreilles, je reçois le bruit de la mer en mono. 

John Irving a publié en 1972 L'épopée du buveur d'eau, son second roman.




Illustrateur anonyme (Françoise ou les plaisirs du mariage)

mardi 12 février 2019

C'est pas du Claudel

Ell' m'emmerde, ell' m'emmerde , quand je tombe à genoux
Pour cetain's dévotions qui sont bien de chez nous
Et qui donn'nt le vertige
Croyant l'heure venue de chanter le credo
Elle m'ouvre tout grand son missel sur le dos
Ell' m'emmerde, vous dis-je


Misogynie à part 
Georges Brassens
Première chanson du douzième album studio créé en 1969 après 3 ans d'absence et dans la société post-soixante huit. 

Georges Brassens répond avec gourmandise et en riant a ses détracteurs comme il l'avait fait dix auparavant avec le pornographe du phonographe. Il propose également sur l'album ce vers 


dimanche 10 février 2019

Un coeur doux

En 1928, L'Amant de lady Chatterley de David Herbert Lawrence oppose à la rigueur du puritanisme anglais une relation non pas libertine mais naturelle (Florence, 1928); publication française de L’Amant de Lady Chatterley, chez Gallimard en 1932.  Il faudra attendre 1960 pour qu’il soit publié en Angleterre dans son intégralité. 

Alors, avec un frémissement d’intense plaisir, il toucha ce corps doux et chaud, et, un instant lui effleura le nombril d’un baiser. Et il lui fallut entrer en elle tout de suite, entrer dans la paix sur la terre qu’était son corps doux et immobile. Ce fut pour lui un moment de paix parfaite, cette entrée dans le corps de la femme. 

Then with a quiver of exquisite pleasure he touched the warm soft body, and touched her navel for a moment in a kiss. And he had to come in to her at once, to enter the peace on earth of her soft, quiescent body. It was the moment of pure peace for him, the entry into the body of the woman.

De ses doigts tranquilles, il tressa quelques myosotis dans la belle toison brune du mont de Vénus.
– Là ! dit-il. Voilà des myosotis à la place où ils doivent être.
Elle regarda les drôles de petites fleurs laiteuses parmi les poils bruns, à la pointe de son corps.
– Que c’est joli ! dit-elle.
– Joli comme la vie; répondit-il.
C'est l'histoire d'un homme qui rend un corps à une femme, et d'une femme qui rend une parole à un homme. Pascale Ferrand
Lady Chatterley film de Pascale Ferrand d'après la version Lady Chatterley et l'homme des bois (John Thomas and Lady Jane) avec Marina HandsJean-Louis Coulloc'hHippolyte Girardot

samedi 2 février 2019

Pagella bulletin scolaire

Par Titti Garelli  : 

L'ouvrage «School report» est issu d'une réflexion sur la sexualité dans la génération de ma mère et de ma grand-mère, à un moment historique où personne ne parlait de sexe, et jamais dans une perspective féminine. 

Évidemment, les gens ont fait la même chose qu'aujourd'hui, avec plus de culpabilité, mais avec le même plaisir. 

Ensuite, il y a le «rapport scolaire», d'authentiques trouvailles vintage trouvées dans les marchés aux puces, qui m'ont frappé: elles étaient différentes de celles que j'ai reçues à la fin de l'année scolaire, qui étaient tristement vertes-grises et toujours les mêmes. Ils étaient différents chaque année, à la fois en graphismes et en couleurs, et l'autre différence était qu'il n'y avait pas de notes mais des opinions. Avec l’expression des mêmes valeurs que dans mon école: devoirs et obligations, règles, obéissance, récompense et punition; pour cette raison, les premiers rapports scolaires montrent des scènes érotiques de fessées, se déroulant dans une école imaginaire, avec des écolières déshabillées improbables et des professeurs stricts.




dimanche 6 janvier 2019

Hacia el Porno (Into the Porn)

Katia Repina



Llámame Marta


This project covers private and professional life of Spanish porn actress, from her first steps in the porn industry when she just turned 23. 

mardi 1 janvier 2019

Le cul nie le cunni

Allitération, assonance, homophonie pour célébrer le corps féminin.

L'écho du corps de Ghérasim Lucas

Illustration Max Švabinský 1873 Kroměříž 1962 Prague

Poésie

prête-moi ta cervelle
cède-moi ton cerceau
ta cédille ta certitude
cette cerise
cède-moi cette cerise
ou à peu près une autre
cerne-moi de tes cernes
précipite-toi
dans le centre de mon être
sois le cercle de ce centre
le triangle de ce cercle
la quadrature de mes ongles
sois ceci ou cela ou à peu près
un autre
mais suis-moi précède-moi
séduction


 entre la nuit de ton nu et le jour de tes joues 
entre la vie de ton visage et la pie de tes pieds 
entre le temps de tes tempes et l'espace de ton esprit 
entre la fronde de ton front et les pierres de tes paupières 
entre le bas de tes bras et le haut de tes os
entre le do de ton dos et le la de ta langue 
entre les raies de ta rétine et le riz de ton iris 
entre le thé de ta tête et les verres de tes vertèbres 
entre le vent de ton ventre et les nuages de ton nu 
entre le nu de ta nuque et la vue de ta vulve 
entre la scie de tes cils et le bois de tes doigts 
entre le bout de tes doigts et le bout de ta bouche 
entre le pois de tes poils et la poix de ta poitrine 
entre le point de tes poings et la ligne de tes ligaments 
entre les pôles de tes épaules et le sud-est de ta sueur 
entre le cou de tes coudes et le coucou de ton cou 
entre le nez de tes nerfs et les fées de tes fesses 
entre l'air de ta chair et les lames de ton âme 
entre l'eau de ta peau et le seau de tes os 


entre la terre de tes artères et le feu de ton souffle 
entre le seing de tes seins et les seins de tes mains 
entre les villes de ta cheville et la nacelle de tes aisselles 
entre la source de tes sourcils et le but de ton buste 
entre le musc de tes muscles et le nard de tes narines
entre la muse de tes muscles et la méduse de ton médius 
entre le manteau de ton menton et le tulle de ta rotule 
entre le tain de ton talon et le ton de ton menton 
entre l'œil de ta taille et les dents de ton sang 
entre la pulpe de ta pupille et la serre de tes cernes 
entre les oreilles de tes orteils et le cervelet de ton cerveau 
entre l'oreiller de tes oreilles et la taie de ta tête 
entre le lévrier de tes lèvres et le poids de tes poignets 
entre les frontières de ton front et le visa de ton visage 
entre le pouls de tes poumons et le pouls de ton pouce 
entre le lait de tes mollets et le pot de ta paume 
entre les pommes de tes pommettes et le plat de tes omoplates 
entre les plantes de tes plantes et le palais de ton palais 
entre les roues de tes joues et les lombes de tes jambes 
entre le moi de ta voix et la soie de tes doigts 
entre le han de tes hanches et le halo de ton haleine
entre la haine de ton aine et les aines de tes veines 
entre les cuisses de tes caresses et l'odeur de ton cœur 
entre le génie de tes genoux et le nom du nombre 
du nombril de ton ombre

dimanche 30 décembre 2018

The Baroness Shaves Her Pubic Hair

Baroness Elsa 
Elsa von Freytag-Loringhoven 
E.V.F.L

The Baroness’s first poems were published beginning in 1918 in The Little Review, a literary magazine run in part by Ezra Pound and modernist Jane Heap, who was a champion of Freytag-Loringhoven’s work. The journal’s motto was “Making No Compromise With the Public’s Taste,” and it had published James Joyce’s Ulysses in serial form. In her straight-lined, all-caps handwriting, Elsa penned poems with delightfully effervescent titles like “Subjoyride,” “Holy Skirts,” and “A Dozen Cocktails — Please.” Her verse teetered on the boundary between brilliance and nonsense, challenging modernist mores of the time and ushering in a buoyant surrealist style full of playful word association and bold sexual boundary pushing. Heap called her “the only one living anywhere who dresses Dada, loves Dada, lives Dada.”




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Thus will be thine orbs: filmy – with curtains of happiness – – 
Thine mouth – stern – harsh muscles of thine jaws relax in pain – sweet as tears.
Breathless – thine heart – breathless – choking thine throat – 
Back it will drop into thine chest pounding thine frame!.
Juggular vein behind thine vengeful ears – -along thine vengeful white neck – fly like sides of a bellows.
Flesh: crystal – transparent.
Crimson joy in thine heart – crimson thine orbs!
Soft rubber thine bones – weak thou art – child!
Brain leave thee – Blissful – leave thee – seconds eternity.
Thine sheen: brass – copper – snow – scintillating moonstone – 
Scin-    lat-    moonstone – – – – 
        til-     ing

Saint Antony the second – wiser than the first – 
Sawest unity – necessity – sacrifice – – – Joy – battle – death – life – Godsatan – Satangod – 
Saint Antony the second – Wise One!

Adam – warrior – smileth strength – knowledge – 
Adam – New Man – steppest lightly – friend of serpent – drowsiness gone – 
Adam – takest Earth!

Such mine love?  electric fluid – current to thine wire – to make Light – 
Ah – h – h – such mine love!

Kiss me. . . . . . . upon the gleaming hill . . . . . . .*
Adam – Mine Love!
After thou hast squandered thine princely treasures into mine princely lap – there remains upon mine chest a golden crimson ball – weighing heavily – 
Thine head – 
     King Adam – Mine Love.

* Donated to the Censor

The Little Review 6.1 (1919): 73. 
Dessinateur non illucidé